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Face à la pénurie, les entreprises se réinventent

Réduire les marges pour maintenir la compétitivité ou augmenter les prix en remodelant sa proposition de valeur : les entreprises sont face à un casse-tête. D’autant que la pénurie de matières premières se double d’une crise des talents.

Comment réagir face à la pénurie de ressources ? C’est sur cette épineuse question que des chefs d’entreprise et experts se sont exprimés, invités par DCF Grand Paris le 23 novembre dernier, dans les salons de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris.
Retour sur un événement que la fédération DCF a diffusé en direct sur son compte LinkedIn. La première table ronde a permis d’analyser comment la pénurie de matières premières bouscule le mode de fonctionnement des entreprises. En effet, la guerre en Ukraine et les restrictions de déplacement en Asie ont engendré une pénurie des matières premières et une augmentation aussi spectaculaire que subite de leurs cours. Les entreprises sont donc contraintes de s’adapter. Chez BMW, par exemple, la pénurie a touché la production de véhicules. “Toute la supply chain étant bousculée, la flexibilité s’impose comme le maître mot, notamment au niveau des équipes commerciales”, explique Aymeric Scheidecker, directeur des Ventes Entreprises de BMW France. De son côté, Antargaz doit faire face au comportement changeant des clients. À titre d’exemple, ceux-ci ont stocké des bouteilles de gaz quelques jours avant le confinement, par peur de manquer. La non anticipation de cette brusque augmentation de la demande a engendré une rupture des stocks de bouteilles de gaz. Pour Anne de Bagneux, Présidente d’Antargaz, « l’important est la capacité à anticiper les réactions des clients afin d’éviter les pénuries”.
Au coeur de ces crises, la fonction Achats occupe une position plus centrale que jamais. Jean-Luc Baras, Président du Conseil National des Achats (CNA), qui réunit près de 18 000 décideurs achats en France, a insisté sur la proximité qu’il doit y avoir entre les directions Achats et les directions commerciales afin de « satisfaire la demande sans rogner sur la qualité ». Pour Ethane Derhy, Directeur du Commerce International de Raja Group, “les entreprises ont plus que jamais intérêt à mettre en oeuvre une stratégie commerciale performante afin de maintenir leur chiffre d’affaires”. Dans cette optique, le spécialiste des emballages a accepté de dégrader légèrement ses marges afin de rester compétitif.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le salaire reste un critère de poids
La seconde table ronde de la matinée invitait des experts du recrutement à débattre de la pénurie de talents qui touche la fonction commerciale. Plus de 230 000 postes sont actuellement à pourvoir et ce chiffre n’a fait qu’augmenter ces dernières années. Alors comment recruter les talents et comment, par la suite, les fidéliser ? Audrey Richard est présidente de l’Association Nationale des DRH (ANDRH), réseau qui réunit plus de 5 000 décideurs en ressources humaines, et de plus Directrice des Ressources Humaines Groupe et Directrice de l’Engagement chez Up. Elle rappelle que “le salaire et les avantages demeurent un critère de poids”. D’ailleurs, selon une étude de rémunération publiée par CCLD en novembre 2022, la rémunération est un élément déclencheur pour 86% des candidatures. Pourtant, si un salaire attractif reste un argument nécessaire, il n’est plus suffisant. Trois autres critères entrent en compte dans la motivation des candidats, à savoir la mobilité, la capacité à se projeter au sein du poste et le sens qu’ils trouvent à leur travail. Pour Paola Fabiani, Fondatrice du centre de contacts Wisecom, “le modèle de l’employeur en position de force a fait long feu” : à la tête d’un centre de contacts pas comme les autres, qui gère plus de 200 positions en plein Paris, la dirigeante estime que “le recruteur doit autant séduire le candidat que le candidat doit séduire le recruteur”. Bien au-delà du salaire, le bien-être au travail et les valeurs portées par l’entreprise sont primordiaux. C’est ce qu’a très bien compris Laurent de La Clergerie, Président de LDLC, distributeur de matériel high tech. Dès 2021, l’entreprise a proposé à son millier de salariés de passer à la semaine de quatre jours. A la clé, des collaborateurs plus épanouis et moins fatigués. L’entreprise s’y retrouve aussi, puisque ce changement d’emploi du temps s’est fait à effectif constant. “C’est parce que le bien-être s’installera dans l’entreprise que l’on pourra atteindre les objectifs », conclut Laurent de La Clergerie. Quand félicité rime avec productivité et prospérité…

 

Publié le 9 février 2022